Le hall de la Gare du Nord. Bruit. Des gens passent. Ils courent. Des voix, parfois. Des valises roulent sur le carrelage. Tout cela, ensemble, fait un bruit. Un bruit continu. Mais personne ne l’entend vraiment.

Au milieu, il y a un homme. Il est là. Il ne bouge pas. Il regarde. Rien de précis. Il regarde le bruit, peut-être. Les gens ne le voient pas. Il est là, pourtant. Il fait partie du hall, comme une colonne ou une affiche déchirée.

Il porte un manteau trop grand pour lui. Un chapeau aussi. Le chapeau cache son visage. On ne voit pas ses yeux. On ne sait pas ce qu’il regarde.

Parfois, une femme s’arrête près de lui. Elle regarde l’horaire des trains. Elle ne le voit pas. Elle est proche, très proche. Elle pourrait le toucher. Mais non. Elle s’en va. Elle aussi, elle est pressée.

Le temps passe. L’homme reste. Il ne semble pas attendre un train. Il n’a pas de valise. Il est là, simplement. Comme si c’était sa place. Comme s’il avait toujours été là.

C’est étrange.

Le soir arrive. Les lumières changent. Le hall se vide, peu à peu. L’homme est toujours là. Immobile. On pourrait penser qu’il fait partie de la gare. Un objet oublié.

Puis, sans raison, il bouge. Un petit mouvement. Insignifiant. Mais c’est un mouvement. Il se tourne. Lentement. Très lentement. Comme si chaque seconde comptait. Comme si le temps, pour lui, était différent.

Il regarde vers la sortie. Son regard, on ne le voit toujours pas. Mais on sait qu’il regarde la sortie.

Et puis, il part. Lentement. Sans bruit. Comme il est venu.

Il laisse derrière lui un espace vide. Un silence. Comme si, finalement, il avait emporté une partie du bruit avec lui.

La gare continue. Les gens passent. Les trains partent. Mais quelque chose a changé. Quelque chose d’infime. Presque rien.

Mais c’est là.

Le Badaud de la Gare du Nord 2

Le Badaud de la Gare du Nord 2

Dans le silence soudain du hall de la Gare du Nord, la présence de l'homme, maintenant absent, semble résonner plus fort que lorsqu'il était là. L'écho de ses pas se perd dans le murmure des conversations et le grincement des trains sur les rails.Une jeune...

 
In the vast expanse of Gare du Nord, noise reigns. A ceaseless hum. Bodies in motion, a flurry of steps. Voices emerge, then fade. Suitcases drum a relentless rhythm on the tiles. It’s a symphony of the everyday, unnoticed.

Amid this, a solitary figure anchors the scene. A man, merely present, unmoving amidst the flux. His gaze sweeps over the chaos, perhaps seeing the noise itself. Invisible to the throng, he melds into the architecture, as integral as a column or a weathered poster, forgotten.

He’s draped in an overcoat, voluminous, a hat shadowing his features. His eyes, hidden, leave his focus a mystery, enveloping him in an enigma.

Now and then, a woman pauses by him, consulting the train schedules, oblivious to his proximity. She could reach out, brush against his reality, yet she moves on, another soul caught in the relentless march of time.

Time, indifferent, flows on. The man remains, not waiting, not expecting. He occupies his space as if it were his destiny, as if he were woven into the fabric of the place from time immemorial.

It’s an odd tableau.

Dusk falls, altering the light, emptying the space. Still, he stands, a fixture as much as any part of the station, a remnant of humanity overlooked.

And then, a shift. A mere gesture, barely noticeable, yet it signifies movement. He turns, ever so slowly, a deliberate pace that defies the tempo around him. His gaze, though unseen, fixes on the exit.

He leaves, his departure as quiet as his presence, taking with him an echo of the silence he embodied.

His absence carves out a void, a silence that seems to carry away a fragment of the noise, leaving a palpable stillness.

The station lives on, the ebb and flow of life unceasing. Trains depart, people vanish into their journeys. Yet, in the wake of the man’s presence, a subtle alteration lingers. Almost imperceptible, yet undeniably there.

Les amants de la Gare du Nord 1

Les amants de la Gare du Nord 1

Dans les vastes halles de la Gare du Nord, l'heure était à l'effervescence habituelle des départs et des arrivées. L'air était imprégné de l'odeur du café fraîchement moulu et du bruit de pas pressés sur les carreaux de marbre. Au centre de cette agitation...