Les gares ont été des marqueurs d’urbanité en une soixantaine d’années, réorganisant en profondeur les pratiques sociales et les usages de la ville. De 1837 à 1914, Paris se couvre de gares de chemin de fer, un lieu inédit, mi-industriel, mi-urbain. Sous le Second Empire, la ville se reconfigure autour de ces nouvelles « portes » modernes qui n’ont fait l’objet que de très peu d’études scientifiques. Les gares parisiennes doivent être saisies comme un tout hétérogène. On peut aborder leur étude sous l’angle de l’histoire culturelle et sociale, à l’instar des travaux britanniques de Jeffrey Richards et John MacKenzie (1986), qui étudiaient la « gare » (sorte de réduction modélisée des gares anglaises) sous divers aspects jusque-là ignorés1

L’imaginaire des gares n’est pas limité à Paris, il se diffuse aussi en province, où les gares deviennent des symboles de modernité, de progrès et de mobilité. Les gares provinciales sont souvent construites dans un style régionaliste, qui valorise l’identité locale et le patrimoine architectural. Elles sont aussi des lieux de rencontre, d’échange et de culture, qui accueillent des manifestations artistiques, des expositions ou des festivals. Les gares sont ainsi des espaces de création et d’innovation, qui inspirent les écrivains, les peintres, les cinéastes et les musiciens123 1: Les gares : matrices de l’imaginaire parisien du XIXe siècle 2: Les gares au miroir de l’urbain 3: Paris – Les gares : matrices de l’imaginaire parisien du XIXe siècle

Une Histoire Transformative du Paris du XIXe siècle

Dans la toile animée du Paris du XIXe siècle, une transformation radicale se déployait, tissant la trame de l’imagination urbaine à travers l’avènement d’un concept révolutionnaire – les gares ferroviaires. Rédigé par les visionnaires urbains de l’époque, notamment Stéphanie Sauget, ce récit dévoile un chapitre captivant du 14 mai 2014, explorant la naissance et l’impact sociétal de ces « palais de la modernité ».

  1. La Naissance d’une Nouvelle Ère :

    • Entre 1837 et 1914, Paris a vu naître les gares de chemin de fer, des hybrides sans précédent, mêlant l’industrie à l’urbanité. Ces greffes architecturales ont remodelé non seulement le paysage urbain, mais aussi l’essence même de Paris – ses fonctions, son rôle sur la scène nationale et internationale.
  2. Évolution au Cœur de Paris :

    • Initialement en périphérie de la ville, ces portails modernes ont évolué et ont finalement été intégrés au cœur de Paris après l’annexion des communautés suburbaines en 1860. De trois modestes points d’embarquement en bois et en métal en 1840, le nombre de stations a bondi à cinquante en 1900, englobant à la fois les terminaux de passagers et les centres de fret.
  3. Un Centre de Commutation et d’Exploration :

    • Au cours des trois quarts de siècle suivants, les stations ont été remodelées, agrandies, déplacées et réorganisées pour s’harmoniser avec une ville en métamorphose, connaissant un doublement de sa population. Les stations sont devenues des centres non seulement pour les Parisiens et les banlieusards, mais aussi pour les provinciaux et les voyageurs internationaux, témoignant de 201 millions de départs et d’arrivées stupéfiants en 1914.
  4. Impact Culturel et Social :

    • Au-delà de leur influence physique et migratoire, ces stations faisaient partie intégrante du récit culturel et social. Rejetant une vision réductrice, le récit invoque l’approche de l’histoire culturelle et sociale. S’inspirant des études britanniques de Jeffrey Richards et John MacKenzie, il dévoile les couches de la « gare » en tant qu’entité culturelle.
  5. Le Royaume Imaginaire des Gares :

    • En envisageant les stations à travers le prisme de l’histoire culturelle et sociale, le récit explore les royaumes imaginaires que les stations ont éveillés. L’aura mystérieuse et énigmatique entourant les stations se dévoile comme la force motrice de l’histoire. Au-delà des œuvres littéraires, cette essence imaginative imprègne les archives ferroviaires, les dossiers de police, les guides touristiques, les romans et divers documents visuels, dépeignant les stations comme des matrices de la société française émergente au XIXe siècle.
  6. Représentations Visuelles et Identité :

    • Le récit souligne la centralité de la représentation visuelle dans la compréhension de l’identité évolutive des gares ferroviaires. À une époque où la notion même de ce à quoi devrait ressembler une gare était nébuleuse, les architectes hésitaient à adopter cette structure novatrice. Pourtant, à mesure que les stations trouvaient leur place dans le paysage parisien, elles produisaient et imposaient de nouvelles normes, de la ponctualité précise aux styles architecturaux innovants impliquant verre et acier.
  7. Héritage et Défis Modernes :

    • Aujourd’hui, ces gares ferroviaires continuent d’être des symboles de modernité, d’identité urbaine et de mobilité. Les rénovations et ajustements en cours de nos jours reflètent leur importance durable et leur centralité dans le récit de la ville. Alors que les Parisiens du XIXe siècle exigeaient la preuve de l’utilité et du potentiel monumental, les gares d’aujourd’hui sont chargées de forger une identité urbaine à l’échelle du Grand Paris, unifiant des territoires disparates dans un tissu cohérent. Malgré leur transformation en lieux hybrides, les gares se voient aujourd’hui investies d’une nouvelle mission : façonner l’identité urbaine du Grand Paris.
  1. Les Gares, Gardiennes du Temps :

    • Tout au long du XIXe siècle, les gares ont été les gardiennes du temps, imposant leur horaire minuté à l’ensemble de la société française. Elles ont introduit la notion d’heure légale, laissant une empreinte indélébile sur la vie quotidienne et les déplacements.
  2. Débats et Défis du Siècle :

    • Les gares, tout en devenant des éléments incontournables du paysage parisien, ont suscité des débats passionnés. Les critiques, amplifiées par une culture médiatique émergente, dénonçaient chaque nouvelle construction comme une menace à l’esthétique parisienne. L’opposition à l’américanisation et la crainte de la défiguration de Paris ont émaillé chaque étape de leur expansion.
  3. Les Gares Comme Ouvres d’Art :

  • Initialement considérées comme laides, les gares ont trouvé leur place dans l’imaginaire parisien grâce à quelques architectes visionnaires. Le débat sur leur esthétique a évolué progressivement, marquant le passage d’une perception négative à des structures célébrées comme des palais industriels, honorées lors des grandes expositions universelles.
  1. Évolution des Normes et des Identités :
  • Apprivoisées et ancrées dans le tissu urbain, les gares ont non seulement transformé les normes de ponctualité et d’architecture, mais elles ont également redéfini la centralité parisienne. Leur influence a créé un réseau complexe, orchestrant les mouvements, classant les territoires en fonction de leur accessibilité, et introduisant une ère de vitesses multiples, symbolisée par leurs horaires qui dictaient la cadence à la société.
  1. Vers le Futur :
  • Aujourd’hui, alors que les gares entament une nouvelle phase de réhabilitation, elles demeurent au cœur des enjeux de modernité, d’identité urbaine et de mobilité. Chargées de fabriquer l’identité du Grand Paris, ces lieux hybrides incarnent l’unité dans la diversité, reliant des territoires contrastés sous l’égide de leur présence centrale.

Le récit des gares du XIXe siècle transcende le simple récit de leur émergence physique pour explorer leur influence profonde sur la société, l’imaginaire urbain et les normes émergentes. Les gares, bien plus que des points de transit, se révèlent comme des narratrices du temps, des actrices du changement et des architectes de l’identité parisienne en constante évolution.